Quand je suis revenue du Cambodge, j’avais en vue l’objectif suivant : le marathon duo du Mont Saint Michel, avec la ferme envie de me prouver que je pouvais faire « un temps » au semi (à mon niveau). J’avais envie de passer sous la barre des 2 heures et au fond de moi, j’étais persuadée d’en être capable.
Finalement, pendant la préparation ou pendant la course, rien ne s’est passé comme prévu. Récupération plus longue que prévue du Cambodge, baisse de motivation, mauvais temps, les excuses n’ont pas manqué pour n’en pas être à fond!
Avant de papoter de la difficulté d’accepter ne pas remplir un objectif qu’on s’était fixé, aujourd’hui, j’ai envie de regarder la course dans son ensemble : de la prépa au retour à la réalité (non en fait, ce n’est pas encore arrivé). Il s’est passé tant de choses, j’ai appris tant de choses !
Un marathon en duo au Mont Saint Michel, t’as pas trouvé plus loin ?!
C’est à peu près ce que m’a dit le mari lorsque j’ai réservé mon dossard le 11 février dernier.
Rhoooo ! Selon la taille de la carte que tu regardes, ce n’est pas si loin que ça !
Je sais pas si mon argument a fait mouche, mais même si cela tombait à la veille de ses exams, il a décidé de venir avec nous !
Heureusement qu’il était là d’ailleurs, ça nous a enlevé un gros poids en termes de logistique et d’orga pendant la course pour passer du départ à la zone de relais et rejoindre l’arrivée ! Si on ajoute à cela qu’il a mis ses talents de photographe à notre service…
Mais en vrai, quand deux semaines avant on a commencé à réfléchir à nos trajets (oui on s’y est pris un peu tard), la distance s’est posée là : 800km, 7 à 8h00 de route pour rester 36 heures sur place. Si on ajoute à cela une galère pour la garde du bonhomme et du petit chien (oui, parce que le mari voulait le voir aussi ce Mont Saint Michel) ; une autre pour l’appartement réservé sur Airbnb par Margot qui s’avère être une arnaque… Le périple s’annonçait compliqué !
Un week end chargé : tous les regards sont tournés vers le Mont Saint Michel
Deux semaines avant le départ, je reprends un peu le volant, presque 2 ans que je n’ai pas conduit avec cette satanée phobie qui me paralyse. Alors je prends sur moi, histoire que David ne se tape pas toute la route tout seul. Sans compter sur notre deuxième conducteur de choc Lulu qui nous sera aussi d’un grand secours.
Vendredi c’est l’heure de faire les valises, je fais un effort pour ne pas partir trop chargée pour laisser de la place dans la voiture et au potentiel co-voiturage qu’on pourrait trouver. Je prépare donc mon racepack avec quand même quelques options (bah oui, hein, au cas où) : manches courtes / débardeur, short 1 / short 2, manchons, boosters, ravito perso, …
Le sac est rapidement prêt, avec quelques vivres pour la route et pour le petit dej’. Pas facile d’anticiper, je ressors même faire des courses parce que j’avais oublié certaines choses ! Mais nous voilà prêts à partir récupérer Lulu que j’attends gentillement à la sortie de son école à la sortie des mamans. Elle est trop choupinou avec ses petits bouts de chou.
Nous prenons la route en mode David et Lulu font connaissance, puis tout ça se transforme en Karaoké géant avec la playlist Spotify qui tue. Une pause plein de sans plomb 98 et Mac do puis Lulu reprends le volant, une seconde pause permettra de faire le dernier échange sur ces routes désertées du centre de la France avant d’arriver à bon port à Saint Malo (tu as noté comme ça colle au thème).
Les copains, arrivés depuis quelques heures, ont veillé pour nous accueillir ! C’est cool, on papote un peu, l’heure est déjà bien avancée, il doit être 2h00 quand nous allons nous coucher pour nous lever à 7h30 le samedi.
Une journée sous le signe de la découverte, avec la visite du Mont Saint Michel et la rencontre du groupe Happy Running Crew venu de Bordeaux, Margot est ambassadrice pour Lyon. On finira la journée avec 17 000 pas à la montre, les jambes bien lourdes et un coffre rempli de galettes et autres gâteaux Saint Michel.
Nous prolongeons un peu la visite en regagnant Saint Malo par la côte, des petits stops touristiques nous emmènent sur une route côtière, magique, ces petits moulins partout, ces mignonnes petites maisons nous enchantent. On s’arrête même prendre des photos ! On ne se rend pas bien compte, nous sommes en train de reconnaître la première partie du parcours du marathon. Ces longues lignes droites promettent de mettre le mental à rude épreuve, mais le paysage en vaut la peine.
Nous rejoignons les copains pour la pasta/rice party d’avant course, ils ont déjà préparé leur racepack et enfilé leur pyjama ! Nath s’affaire en cuisine avec Lulu pour préparer le repas, nous on agonise sur le canap accrochées à nos écrans. Mais il est temps de passer à table, on papote, on s’éternise, le temps s’arrête, trop bon !
Le jour du Marathon Duo du Mont Saint Michel
Bizarrement, le stress ne s’est pas invité au réveil, je sais déjà que je ne suis pas en grande forme. La semaine précédente ayant été compliquée dans ma petite vie, si on ajoute à ça les difficultés de récupération que j’ai rencontré suite à mon Raid (et l’absence de ma Lulu) ; je ne m’attends pas à atteindre l’objectif que je rêvais secrètement d’atteindre. On ne va pas se mentir, je serais ravie de l’atteindre quand même.
Le petit dej’ d’avant course n’est pas du tout conforme à mes habitudes, mais comme je fais la seconde partie de la course, cela n’a pas grande importance. Nous partons pour Cancale accompagner nos 1ers relais au départ. Il y a l’effervescence habituelle de la course, mais avec le décor en plus ! La ville est jolie, la lumière superbe. Le départ sur le bord de mer c’est top et franchement ASO a assuré sur l’orga : des sas bien organisés, une fluidité pour circuler, tant pour les coureurs que pour les accompagnants, des toilettes en quantité suffisante…
Le stress monte pour les filles et je suis rassurée de constater que le trac n’est pas une histoire de niveau. On essaie de les rassurer tant bien que mal, mais on est toutes pareilles !
On fait des petites photos, avec notre photographe officiel, et hop c’est parti pour le premier trio, le départ est déjà donné.
Nous rejoignons les voitures pour un sacré périple pour se rendre sur le lieu de relais : Cherrueix, les routes sont déviées à cause de la course, mais waze sauvera notre trajet ! Nous arrivons donc à temps pour prendre la suite des filles qui arrivent assez rapidement. L´avantage, c’est que nous n’avons pas vraiment le temps de stresser : nos coéquipières sont vite là : d’abord Elise, puis Nath, puis Lulu !
Nath me passe le relais et c’est parti pour mes 22km. Je pars un peu plus vite que mon allure cible, 1km, je ralentis à mon allure cible, les jambes vont bien, mais la chaleur m’assomme, le vent de face me tue, je sais déjà que ni la tête, ni le corps ne tiendront. J’ai pas envie de ralentir, mais je n’ai pas non plus envie de subir toute la course… Alors je décide de profiter. Tout au long du parcours, qui n’est pas monotone sur cette partie, je scrute le paysage, entre terre et mer, les couleurs sont incroyable. Régulièrement, le Mont Saint Michel se montre, au début dans la brume, puis de plus en plus net ; c’est trop beau. Les ratios sont bien organisés, des points d’eau sont prévus pour se mouiller ; mes cuisses en seront éternellement reconnaissantes à ASO pour ça, sans ces bassines, je n’aurais jamais pu tenir sans cramper ! J’avance kilomètres par kilomètres, je ne prends pas la course dans son ensemble. Cela me parait moins colossal de compter jusqu’à 22 que de voir 22km En entier 😂 … Je lutte pour ne pas marcher, kilomètres 17, j’envoie un message à David, la tête ne suit plus, il me reste 5km, « ne m’attends pas tout de suite, je suis HS »…
Et là je sais pas ce qu’il se passe, mes jambes retrouvent du jus, et je repars, la tête a passé le cap. Les kilomètres défilent, je ne me souviens pas bien du paysage mais j’avance, jusqu’à cette ligne droite interminable vers la ligne d’arrivée ! Qu’elle est longue ! J’ai envie de marcher, mais je trouve une coureuse à suivre, elle a des Boosters sur lesquels il est écrits « reste derrière ou double moi ». Bah oui j’ai regardé ses Boosters un sacré moment 😂 mais ils étaient pas roses.
La ligne d’arrivée est là, David et Seb ne m’attendaient pas déjà (Bah oui, du coup), ils me voient à peine arriver :D, et Nath m’attend, elle me tend la main. Je lâche rien, on passe la ligne d’arrivée ensemble.
J’ai tout donné, je sais plus où j’habite… J’ai la gerbe et il me faut 2 minutes pour atterrir : j’ai envie de plonger ma tête dans cette bassine d’eau pour me rafraîchir les idées.
Nath m’accompagne au ravito et j’avoue que vu où il est placé, ça m’aide beaucoup. Je me laisse porter, je récupère ma magnifique médaille (sans ironie) et le joli T-shirt de finisher. On passe peu de temps au ravito, j’ai envie de rejoindre mon chéri.
Je ne m’attendais pas à ce qu’il me dise qu’il était fier de moi, mais si ! Il me glisse un, « vu les conditions, tu as super bien couru ma chérie ! »
Ben alors, là, c’est la surprise… Trop cool pour terminer ce chouette Week end !
Ce que je retiens du Marathon Duo du Mont Saint Michel
Je ne regrette pas d’avoir réussi à être plus forte que ma tête, cette course, tout me poussait à l’annuler : ma tête, les circonstances, les sensations, … Le chemin a été long et difficile mais je me suis accrochée à cette prépa.
J’espère que le coach n’est pas trop déçu, je n’ai certainement pas rempli l’objectif qu’il attendait ; mais je sais qu’il est malgré tout content que j’ai été au bout de mes séances. Maintenant, la route est longue pour revenir du Mont Saint Michel, mais encore plus pour revenir sur terre après une telle course, je n’ai pas battu de PR, je n’ai pas couru ce semi en moins de deux heures, j’ai été déçue, très déçue, mais ce week end a été un week end de pur bonheur ! Finalement chacun trouve ce qu’il veut dans sa pratique sportive et moi je viens y chercher le bien-être mais également ces émotions qui me submergent et me font oublier tout ce qu’il y a de mauvais autour de moi.
Moi, j’y trouve cette force qui fait de moi celle que je suis aujourd’hui, j’ai des rechutes de confiance en moi, mais le sport est vraiment ma béquille. Ce que je suis capable de faire, des tas de gens peuvent le faire aussi ; mais des tas d’autres n’ont ni la force mentale ni le courage de le faire. Ce que je veux retenir, c’est que tout est possible à qui s’en donne les moyens ; pas besoin d’être un champion pour trouver du plaisir dans ce que l’ont fait, mais pour trouver du plaisir, il y aura toujours des coups durs.
On a tous un peu de cette force en nous, il faut juste la laisser prendre le dessus !
2 Comments
Très très très beau compte rendu ma belle ❤️. Chargé d’emotions ! La conclusion est magnifique et tu peux être fière de toi ! Nous on l’est 🙌🏻
Merci ma belle ❤️😘